
Mireille
Ma mère, c’était une dame un peu orgueilleuse. Moi qu’est-ce que je faisais dans l’histoire ? Quelque part, je dois dire que je me sentais seule. Je crois que je l’encombrais. Elle avait envie de vivre à sa façon. Elle était vachement énervée par moment et moi, je morflais un maximum. La profession que j’ai choisi, c’était infirmière. Et alors moi, j’avais jamais foutu un pied à l’hôpital, je me demandais ce que je foutais là, tu vois. Je fais pas mal de courrier à mes amis, j’essaye de maintenir le lien social. Je choisis des cartes exprès pour cette personne. Je tiens un cahier. J’aime bien écrire. Ça me fait presque comme une thérapie. Depuis le covid, je fréquente les cafés. J’ai deux cafés points de chute réguliers. Un à Cabris chez Monsieur Nicolas et un aux Marronniers. Quand le confinement s’est terminé, j’ai fait trois pissaladières, une pour chacun des messieurs qui était là. Ce que je vise, ce sont les échanges. Et surtout, j’évite d’être contrariée parce que je suis assez frontale des fois et quand on m’enquiquine, je ne me gêne pas pour régler mes comptes. Je me laisse guider par la confiance que j’ai dans les gens. La confiance, c’est quelque chose qui compte dans ma vie, beaucoup, beaucoup. Ça change tout, mais ça ne se passe pas du jour au lendemain. Moi, c’est ce qui donne un sens à ma vie. Il y a souvent des choses que je ressens. Si on trahit mon amitié, c’est quelque chose qui peut me faire souffrir, ça m’éloigne de la vie ça. J’essaye de voir pour les autres comme je verrais pour moi. C’est une façon de respecter les cadeaux qui m’ont été faits par la vie. Comme j’arrive pas à me trouver une place confortable vis-à-vis d’un bon dieu, je cherche à faciliter pour les autres. Ce qui me plaît dans l’histoire, c’est que les gens se sentent en confiance avec moi pour me demander conseil. Alors j’essaye de faire des trucs chouettes. J’ai comme l’impression que sur cette terre, il y a un vaste bazar. C’est le bordel. J’aime bien avoir la possibilité de remettre un peu d’ordre dans ce bordel. Voilà.